Mesurer ce qui compte : donner de la crédibilité à la démarche durable
Les organisations n’ont jamais été aussi sollicitées pour démontrer leur contribution au développement durable. Pressions réglementaires, attentes des investisseurs, exigences des bailleurs de fonds et sensibilité croissante des consommateurs : la performance extra-financière est désormais scrutée avec autant d’attention que la performance économique.
Pourtant, derrière les engagements affichés et les pages « Développement durable » des rapports annuels, une question demeure : comment mesurer concrètement la contribution réelle d’une entreprise à la transition durable ?
Les Objectifs de développement durable (ODD) et le cadre des Sustainable Development Performance Indicators (SDPI) offrent une réponse structurée à ce défi. Ensemble, ils permettent de transformer les ambitions en stratégies mesurables, comparables et crédibles : un levier essentiel pour planifier, piloter et rendre compte des progrès réalisés.
Car aujourd’hui, il ne suffit plus d’affirmer sa volonté de changer : il faut être capable de la prouver.
Les ODD : un cadre universel qui structure la stratégie d’entreprise
Adoptés en 2015 par les Nations Unies, les Objectifs de développement durable (ODD) constituent aujourd’hui le langage commun du développement durable à l’échelle mondiale. Ces 17 objectifs visent à concilier prospérité économique, inclusion sociale et protection de l’environnement. Leur force ? Ils traduisent des enjeux globaux en priorités concrètes et mesurables que chaque organisation peut adapter à sa réalité.
Pour les entreprises, les ODD représentent bien plus qu’une grille de référence : ils offrent une boussole stratégique pour orienter les décisions d’affaires, identifier les risques émergents et saisir de nouvelles opportunités de marché.
Les données de l’ONU confirment leur adoption croissante : en 2022, près de 73 % des grandes entreprises publiaient un rapport de durabilité, contre seulement 24 % en 2016. Mais derrière ce progrès, un constat persiste : seuls 10 % d’entre elles rendent compte de manière structurée sur l’ensemble des 17 ODD.
Autrement dit, si la majorité des organisations communiquent sur les ODD, peu les intègrent véritablement dans leur modèle d’affaires et leur gouvernance. Or, ceux qui le font gagnent en cohérence, en crédibilité et en attractivité, autant d’avantages compétitifs dans un contexte où la performance durable devient un critère d’investissement à part entière.
Les indicateurs SDPI : passer du discours à la mesure
Si les ODD offrent une vision commune, le cadre SDPI (Sustainable Development Performance Indicators), développé par l’UNRISD, fournit la méthode pour la rendre opérationnelle.
Conçu comme un complément aux cadres ESG existants, il permet de mesurer la performance durable d’une organisation en la comparant non pas à ses pairs, mais à de véritables seuils de durabilité définis selon les limites planétaires et les objectifs sociaux de l’ONU.
Cette approche repose sur 61 indicateurs couvrant quatre dimensions interdépendantes : économique, environnementale, sociale et de gouvernance.
Elle s’appuie sur une logique à deux niveaux :
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- La performance interne, qui évalue l’évolution des pratiques et des résultats de l’entreprise dans le temps ;
- La contribution systémique, qui mesure la capacité de l’organisation à participer activement à la transition durable de son écosystème.
L’objectif n’est pas seulement de quantifier les impacts, mais de contextualiser les résultats : savoir si une entreprise progresse réellement dans les limites écologiques et sociales reconnues à l’échelle mondiale. En ce sens, les indicateurs SDPI vont bien au-delà de la conformité ou du reporting réglementaire. Ils deviennent un outil de pilotage stratégique, capable d’orienter les investissements, d’appuyer la gouvernance et de crédibiliser la reddition de comptes.
Pour faciliter l’adoption du cadre, l’UNRISD a développé la plateforme SDPI (sdpi.unrisd.org), un espace interactif permettant aux entreprises, institutions et municipalités d’évaluer leurs performances, de comparer leurs résultats et de partager leurs apprentissages.
Cette plateforme agit comme un outil d’analyse et de préparation : elle aide les organisations à structurer leurs données internes et à bâtir une culture de mesure, préalable à toute reddition de comptes extra-financière solide.
Elle n’a pas vocation à remplacer des cadres comme le GRI, la CSRD ou le Pacte mondial, mais elle en renforce la qualité en fournissant une base méthodologique robuste, alignée sur les ODD et les seuils de durabilité mondiale.
Ainsi, la plateforme SDPI constitue une étape clé pour les organisations souhaitant passer de la déclaration d’intention à la démonstration de performance durable.
Intégrer les ODD et les SDPI dans la gouvernance et la reddition de comptes
L’adoption des ODD et des indicateurs SDPI ne se limite pas à un exercice de communication : c’est une transformation de la gouvernance.
Les dirigeants qui choisissent de s’appuyer sur ces cadres structurent leur démarche de durabilité sur trois plans : la stratégie, la prise de décision et la reddition de comptes.
Au niveau stratégique, les ODD permettent d’aligner les objectifs d’affaires sur les grands enjeux mondiaux, tout en offrant un langage commun pour dialoguer avec les bailleurs de fonds, les investisseurs et les autorités publiques.
Les indicateurs SDPI, eux, apportent la rigueur nécessaire pour mesurer la performance et les écarts de durabilité de façon comparable et contextualisée. Ensemble, ils permettent aux conseils d’administration et aux directions de suivre les progrès avec une vision systémique plutôt qu’isolée.
Ainsi intégrés, les ODD et les SDPI deviennent des outils de gouvernance et de pilotage : ils favorisent la cohérence interne, renforcent la crédibilité du compte rendu et consolident la confiance des investisseurs et partenaires.
Ils constituent une boussole stratégique dans un contexte où la transparence et la responsabilité sont désormais des conditions d’accès aux marchés et au financement durable.
De la stratégie à l’action : comment amorcer la démarche
Passer des engagements à la mise en œuvre demande une approche structurée, mais pragmatique.
Intégrer les ODD et les indicateurs SDPI à sa stratégie d’entreprise ne nécessite pas de repartir de zéro — il s’agit plutôt de relier les efforts déjà en place à un cadre reconnu et cohérent.
Voici trois étapes clés pour amorcer la démarche :
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Cartographier vos impacts et priorités ODD
Identifiez les enjeux sur lesquels votre organisation a la plus grande influence : chaîne d’approvisionnement, énergie, déchets, inclusion, innovation, gouvernance…
L’objectif est de sélectionner quelques ODD prioritaires qui reflètent vos risques, opportunités et leviers d’action réels. Cette étape permet de passer d’un discours général sur le développement durable à des engagements ciblés, pertinents et mesurables. -
Évaluer votre performance à l’aide des SDPI
Les indicateurs SDPI offrent une méthode claire pour transformer vos objectifs en résultats observables.
En comparant vos pratiques à des seuils de durabilité — plutôt qu’à des moyennes sectorielles —, vous obtenez une lecture plus juste de votre contribution réelle à la transition durable.
Cette évaluation devient un levier d’amélioration continue et un socle pour renforcer la cohérence de vos rapports ESG. -
Aligner vos processus de suivi et de reddition de comptes
Les cadres ODD et SDPI facilitent la consolidation des informations internes, le suivi des progrès et la communication externe.
En intégrant ces outils dans vos processus de planification et de gouvernance, vous gagnez en cohérence, en crédibilité et en efficacité dans la gestion de la performance durable.
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Conclusion – De la mesure à la transformation
Les ODD et le cadre SDPI ne sont pas de simples références conceptuelles : ce sont des outils de pilotage puissants pour structurer, suivre et valoriser votre performance durable.
En les intégrant à vos processus de décision et de gouvernance, vous transformez vos engagements en leviers tangibles de performance économique, environnementale et sociale.
Vous améliorez la transparence de vos rapports, alignez vos priorités internes sur les attentes internationales et renforcez la confiance de vos partenaires et investisseurs.
Mais surtout, vous vous donnez les moyens d’agir sur ce qui compte vraiment : vos impacts réels sur votre territoire et dans votre écosystème.
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